L’art contemporain s’ancre dans le Lot : les expositions fraîchement inaugurées à ne pas manquer

31/07/2025

Diversité des lieux, diversité des approches

Les institutions historiques côtoient dans le Lot des espaces hybrides ou inattendus. L’art contemporain investit ici aussi bien les abbayes que les granges rénovées, les ruelles de villages que les salles muséales prestigieuses. Cette saison, certaines redéfinissent notre rapport au territoire et à la création :

  • Le Centre d’art contemporain de Cajarc (Maison des Arts Georges et Claude Pompidou – MAGCP) amorce 2024 avec « Mutations Paysages », une exposition collective qui explore les bouleversements du paysage, du visible à l’invisible, à travers les œuvres d’artistes émergents et confirmés (source : MAGCP).
  • La Chapelle des Pénitents noirs à Cahors s’associe cette année au FRAC Occitanie pour inaugurer une série d’installations monumentales autour de la lumière et de l’ombre, mettant la scénographie au cœur du parcours visiteur.
  • La Ferme de la Métairie Basse à Marcilhac-sur-Célé réouvre en ce printemps un vaste espace d’exposition accueillant le collectif « Territoires Sédimentés », invités à dialoguer avec les matériaux et l’histoire rurale du site.

Des artistes à découvrir ou redécouvrir

La scène artistique lotoise est marquée par la présence régulière de talents confirmés, mais aussi par une belle ouverture à la jeune création. Ce printemps, plusieurs expositions inaugurées font la part belle à la diversité des pratiques et des origines des artistes.

  • Sarah Ritter, photographe et vidéaste, propose à la MAGCP une réflexion immersive sur le rapport entre nature, trace humaine et mémoire dans l’exposition « Veillées ». Son travail, salué lors de la dernière édition de PhotoSaintGermain à Paris, résonne ici avec la sensibilité lotoise pour les paysages et les non-dits de la mémoire (source : Le Monde de la Photo).
  • René Sultra, sculpteur enraciné dans le Quercy, expose de nouvelles œuvres à Rocamadour, explorant le calcaire sous un angle quasi organique.
  • Anouk Delaunay, jeune peintre autodidacte originaire de Gourdon, est à l’honneur dans le cadre de « L’Art prend le large », circuit d’expositions itinérantes lancé ce printemps (source : La Dépêche du Midi).

Zoom sur trois expositions phares de la saison

MAGCP Cajarc : « Mutations Paysages »

Le Centre d’art contemporain de Cajarc, pilier de la scène artistique lotoise, inaugure l’exposition collective « Mutations Paysages ». Celle-ci explore l’évolution du territoire rural à travers les regards croisés de cinq artistes :

  • Julie Ruby, plasticienne, interroge la trace laissée par l’homme à travers des installations organiques mêlant terre, brou de noix et éléments récupérés sur site.
  • Hugo Blanchet présente des vidéos immersives filmées lors de l’hiver, restituant l’ambiance si singulière du Causse sous la neige.
  • Laurence Allard propose un accrochage inédit de photographie panoramique, jeu de contrastes entre landes sauvages et infrastructures agricoles.

Cette exposition, saluée dans Midi Libre, interroge avec finesse les tensions écologiques locales et le rapport sensible au lieu, sans tomber dans le cliché ruraliste.

Chapelle des Pénitents noirs (Cahors) : L’éloge de l’ombre

La Chapelle des Pénitents noirs accueille une grande installation pensée par Thierry Marquet et des œuvres du FRAC Occitanie Montpellier. Ce parcours joue sur la densité de la lumière, la spectralité et la perception, à travers :

  • Des sculptures en résine opaline, installées dans la pénombre, qui métamorphosent la nef en espace quasi mystique.
  • Un dispositif sonore créé spécifiquement pour la chapelle, recomposant chuchotements et bruissements du voisinage, comme un clin d’œil à la vie cachée des lieux saints détournés pour l’art (source : FRAC Occitanie Montpellier).

La programmation renouvelle ainsi la rencontre entre patrimoine bâti et création contemporaine, expérience sensorielle à la clé.

Ferme de la Métairie Basse : dialogue rural et création in situ

À Marcilhac-sur-Célé, la Métairie Basse propose une approche plus collaborative : le collectif « Territoires Sédimentés » réunit huit artistes (sculpture, land art, céramique, vidéo). En résidence pendant deux semaines avant l’inauguration, ils ont conçu leurs œuvres au contact du lieu :

  • Matthieu Peillon développe ici un parcours de céramiques émaillées, mêlant symbolisme agricole et abstraction poétique.
  • Interventions visuelles dans les jardins : motifs végétaux réalisés à partir de pigments naturels, détournant les outils du quotidien.
  • Vidéos projetées le soir même de l’ouverture : images du chantier, témoignages sonores des habitants du bourg.

Cette expérience trouve un écho direct avec les attentes locales : plus de 120 visiteurs dès la première journée, un record pour le lieu, signalant le goût renouvelé du public pour les expositions participatives (source : La Dépêche).

Des initiatives inédites dans les villages et petites communes

L’année 2024 voit émerger de nombreuses expositions dans des lieux non dédiés : bibliothèques, maisons de santé, et même haltes ferroviaires se transforment pour quelques semaines en galeries éphémères. Parmi les initiatives à saluer :

  • « L’Art dans les gares », une opération pilotée par la Communauté de Communes du Grand-Figeac : pendant trois mois, dessins, peintures et photos d’élèves, mais aussi d’artistes invités, investissent les petites gares de Gramat, Assier et Capdenac-Gare.
  • La Médiathèque de Pradines accueille pour la première fois une installation immersive mêlant sculpture textile et enregistrements sonores.
  • À Saint-Cirq-Lapopie, la Maison André Breton lance sa saison avec un hommage à l’assemblage et au surréalisme, invitant des plasticiens venus de cinq pays différents (source : Maison André Breton).

Ce maillage d’expositions de proximité favorise la rencontre directe entre artistes et habitants, et dynamise la création loin des grands centres urbains.

Temps forts et perspectives : chiffres et anecdotes du printemps 2024

  • Plus de 18 expositions d’art contemporain ont été inaugurées dans le Lot entre mars et mai 2024, selon le recensement réalisé par l’Agenda Art Occitanie.
  • Près de 70 artistes sont exposés cette saison, avec une belle part faite aux femmes (41%), et à la jeune création (27% des artistes ont moins de 35 ans).
  • Une enquête menée par la MAGCP relève que 68% des visiteurs 2023 venaient de départements limitrophes ou étaient touristes, prouvant l’attractivité grandissante du Lot comme destination art contemporain.
  • Anecdote : Lors du vernissage de la « Nuit des Paysages » à Cajarc, le collectif des « Grands Causses Tramés » a proposé une performance participative… sur un tracteur, clin d’œil décalé aux racines agricoles et à la transformation des usages dans la ruralité lotoise !

Nouvelles tendances et ouverture sur la saison estivale

Ce printemps, plusieurs tendances se dégagent : l’enjeu écologique, l’expérimentation in situ, mais aussi une volonté d’impliquer habitants et publics dans la co-création. Loin de la tour d’ivoire, l’art contemporain lotois s’invente désormais au pluriel, s’ancre dans le quotidien, et tisse des liens nouveaux entre patrimoine, paysage et innovation artistique.

Avec l’été qui approche, la dynamique promet de s’amplifier : nocturnes, parcours d’installations extérieures, résidences et ateliers pop-up sont déjà annoncés dans tout le département. Pour ne rien rater, tendez l’oreille et ouvrez l’œil : ici, chaque rencontre avec l’art contemporain est une invitation à réinventer le territoire et à faire vibrer la scène lotoise à sa façon.

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