Les multiples visages de la création : panorama des disciplines accueillies dans les résidences d’artistes du Lot

04/11/2025

Un maillage dense : présentation des résidences artistiques dans le Lot

Au fil des années, le Lot a vu s’implanter une douzaine de lieux de résidence artistique, portés par des collectivités, des associations ou des acteurs indépendants. Parmi les plus actifs et reconnus, citons par exemple La Maison des arts Georges-Pompidou (MAGP) à Cajarc, la Pratique (site d’accueil à Vayrac et Figeac), l’Astrolabe à Figeac, ou la Grange de Floyrac à Arcambal. En 2018, le Département recensait 15 structures d’accueil proposant régulièrement des sessions de résidence – un chiffre stable et qui témoigne de l’ancrage local des artistes (source : Département du Lot).

Ces lieux, souvent à taille humaine, accueillent chaque année près d’une centaine d’artistes et compagnies, venus de toute la France, et parfois de l’étranger. Leur programmation varie entre accueils de création, résidences de recherche ou de médiation, avec des approches différentes selon les disciplines.

Arts visuels : une vitalité remarquable, de la peinture à l’installation

Le Lot fait figure de référence régionale dans le soutien aux arts visuels contemporains. Figures phares : la Maison des arts Georges-Pompidou (MAGP), centre d’art contemporain labellisé par l’État, dont la programmation s’ouvre à la peinture, la photographie, la sculpture, la vidéo, l’installation et les formes hybrides. Chaque année, la MAGP accueille près de 25 résidents venus explorer la relation à l’espace, à la nature, à la ruralité – un marqueur fort de l’ancrage local.

  • Peinture contemporaine (avec par exemple, les œuvres immersives de Karine Bonneval ou Nathalie Talec)
  • Sculpture et céramique (résidences régulières à l’Atelier Blanc, célèbres pour ses projets axés sur le matériau terre)
  • Photographie, vidéo, installation (MAGP, atelier Bombecou, résidences de La Pratique à Figeac axées sur la nouvelle image)

Anecdote marquante : le photographe Denis Darzacq a conçu une série mythique sur la danse et le mouvement, dont une partie fut créée lors d’une résidence lotoise, en immersion auprès d’associations locales.

Théâtre, cirque, marionnette : des disciplines du spectacle vivant plébiscitées

Le spectacle vivant n’est pas en reste. Les résidences dédiées au théâtre, au cirque et à la marionnette connaissent une fréquentation croissante, matière à réinventer les liens entre artistes, collectivités et habitants.

  • Théâtre contemporain (La Grange de Floyrac, lieux partenaires comme L’Astrolabe)
  • Écriture dramatique (compagnies accueillies en résidence d’auteur lors du Festival de Théâtre de Figeac)
  • Cirque et arts de la rue (Cirk’Eole, stages et résidences ponctuelles autour du cirque contemporain, ateliers dans les espaces publics)
  • Marionnette (projets impulsés à Prendeignes et au sein de réseaux départementaux plus larges, comme avec l’Agglomération du Grand Figeac)

En 2022, plus de 30 compagnies de spectacle vivant ont été accueillies en résidence dans le Lot, dont, fait remarquable, près d’un tiers provenaient du Grand Sud-Ouest (source : OARA – Office Artistique de la Région Nouvelle-Aquitaine).

Danse contemporaine et recherche chorégraphique : un terrain d’expérimentation

La danse, surtout dans ses formes contemporaines, s’inscrit de plus en plus dans le paysage des résidences artistiques. Le Lot héberge régulièrement des chorégraphes et collectifs venus travailler la relation au site, expérimenter des performances en extérieur ou interroger la place du corps dans l’espace rural.

  • Résidences longues de compagnies comme la Cie Divergences (MAGP, Pratique, Astrolabe)
  • Projets croisant danse et arts numériques, dans le cadre de partenariats avec les festivals locaux (Horizons Vagabonds, Les Rencontres de la Pratique)
  • Ateliers de transmission ouverts aux habitants, liant geste chorégraphique et patrimoine

À noter : la résidence estivale « Paysages dansés » en vallée du Lot attire chaque année des artistes venus explorer ce dialogue inédit entre danse et nature, avec restitutions publiques au cœur des villages.

Musique et création sonore : entre patrimoine et expérimentations actuelles

Moins nombreuses, mais en croissance, les résidences consacrées à la musique gagnent du terrain dans le département. Du jazz à la musique contemporaine, en passant par les musiques électroniques ou traditionnelles, la palette s’élargit.

  • Sessions de composition et d’enregistrement au studio La Garenne (près de Rocamadour, fréquentés notamment par des groupes de jazz et lauréats du dispositif “Résidence d’Artiste en Lot” du Département)
  • Accueil de projets pluridisciplinaires mêlant musique, théâtre et installation sonore (ex : Festival Ecaussystème à Gignac, projets transversaux avec le centre culturel de Biars-sur-Cère)
  • Focus sur les musiques expérimentales et électroacoustiques, présents à la MAGP et à l’Atelier Blanc lors de cycles thématiques

Sans oublier les initiatives ponctuelles visant à valoriser le patrimoine musical local (chant occitan, polyphonies, musiques à danser du Quercy), dans le cadre de résidences ouvertes aux amateurs et écoles du territoire.

Résidences d’écriture et littérature : des pages qui se tournent dans le Lot

La littérature trouve aussi refuge dans les résidences lotoises. Plusieurs initiatives accueillent auteurs, poètes, scénaristes ou essayistes, hébergés pour un temps de travail solitaire ou d’échanges avec le public.

  • Résidences organisées par l’association Écrire en Quercy, à Goujounac
  • Projets soutenus par la SCIC L’Œuvre d’Art , qui privilégie l’écriture liée au territoire et à l’environnement
  • Rencontres d’auteurs, masterclasses, ateliers d’écriture menés par des invités du Festival de la Bande dessinée de Cajarc ou lors du Printemps des Poètes à Figeac

En 2020, ce sont quatorze auteurs (dont trois primo-romanciers) qui ont bénéficié d’une résidence lotoise soutenue par la Région Occitanie, illustrant l’attractivité du département auprès des écrivains en quête de nouvelles sources d’inspiration.

Design, artisanat d’art et pratiques émergentes : le Lot, fabrique de savoir-faire

Une des grandes forces du Lot réside dans sa capacité à accueillir des disciplines émergentes ou transversales, à la frontière entre art et artisanat. Les résidences dédiées au design, à la création textile, au land art ou à la céramique créative ont le vent en poupe.

  • Design d’objet, mobilier et scénographie (MAGP, Ateliers de Saint-Cirq-Lapopie)
  • Résidences croisées avec des artisans d’art (céramistes, verriers, tapissiers), en partenariat avec la Chambre des Métiers du Lot
  • Land art, éco-design, installations in situ dans le cadre de parcours artistiques («Art en Chemin» ou ateliers éphémères lors de festivals comme Cahors Juin Jardins)

Un chiffre révélateur : selon l’office de tourisme du Grand Cahors, plus d’un quart des artistes accueillis en résidence depuis 2017 travaillaient à la croisée entre art, artisanat d’art et design. Un signe des temps et du dynamisme de ces pratiques, souvent liées à l’écologie et à la valorisation de matériaux locaux.

Pluridisciplinarité et échanges : ADN des résidences lotoises

Difficile de cloisonner tant les frontières entre disciplines s’estompent aujourd’hui. De nombreux programmes privilégient l’hybridation des pratiques : ainsi, sur une même saison, certaines résidences conjuguent théâtre et arts graphiques, cirque et musique électronique, danse et écriture, créant des projets inattendus, souvent ouverts à la participation des habitants et des scolaires (cf. La Pratique, Les Ateliers du Lot, La MAGP).

C’est cette ouverture, ancrée dans le territoire mais ouverte au monde, qui fait la singularité lotoise. L’accompagnement sur mesure, la résidence partagée et la place laissée au dialogue entre disciplines expliquent en partie le rayonnement actuel de ces lieux atypiques.

Des lieux, des moyens, des talents : quels enjeux pour demain ?

Malgré la vitalité du tissu artistique, certains défis se dessinent : mutualisation des moyens, ancrage territorial, nécessité de soutenir la diversité des esthétiques face aux logiques de labellisation. Le Lot reste cependant un des rares départements ruraux à soutenir un panel aussi large de disciplines, grâce à l’action concertée du Département, des intercommunalités et d’associations engagées (Ombres Blanches à Prendeignes, MAGP, réseau PinkPong, etc.).

Pour les artistes, le Lot offre un environnement de travail privilégié, propice à la création, loin des pressions urbaines. Pour le public, ces résidences sont autant d’occasions de découvrir des œuvres inédites, d’assister à des rencontres conviviales ou de s’initier à des démarches artistiques variées.

Des résidences plus que jamais moteurs d’ouverture et d’échange

L’histoire en train de s’écrire au cœur du Lot le prouve : ici, chaque discipline trouve sa place, et ce sont souvent les croisements inattendus – entre image et son, entre geste et matière, entre art et science – qui marquent la mémoire des visiteurs et des habitants. Le territoire lotois se révèle à la fois laboratoire artistique et terre d’expériences partagées : un espace où l’art, dans toutes ses déclinaisons, se vit comme un véritable art de vivre.

À suivre, donc, pour de nouvelles escales créatives sur cette terre de rencontres et de patrimoine vivant !

  • SOURCES : Département du Lot, OARA Nouvelle-Aquitaine, Maison des arts Georges-Pompidou (MAGP), Ateliers Blanc, réseaux Scène Ouverte et PinkPong, magazine L’Art-vues, site Culture.gouv.fr, office de tourisme Grand Cahors.

En savoir plus à ce sujet :